« D’ici là » Jérôme Hubert – Photographie

Ici et là-bas

 « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » écrivait Paul Eluard. Ce n’est donc pas un hasard si Jérôme que tout traverse, que tout transperce, s’est retrouvé dans les eaux tour à tour douces ou salées d’« A Contre-Courant ».

Son urgence à lui, c’est de prendre le temps de respirer. Sa passion, fasciné qu’il était par l’histoire familiale que raconte les vieilles photographies, ce sera très vite les images. Son parcours, il l’a d’abord construit en s’imprégnant des œuvres d’humanistes comme Cartier-Bresson ou Salgado qui l’ont guidé et séduit par leur poésie, leur engagement, leur génie à capter les instants magiques.

Puis est venu le temps des voyages, Madagascar d’abord, puis la Tunisie qui l’a vu naître et le Kenya qui a vu naître son père. Découvrira-t-il un jour le Congo qui a vu naître sa mère ? De l’Afrique, il garde un souvenir d’enfance au Botswana et un désir impératif d’aller vers l’inconnu, de rencontrer l’autre pour mieux le comprendre, pour mieux se comprendre lui-même. En Tunisie, il réalise alors un carnet de voyage intitulé « L’allée du retour » qui mêle images et écriture et qui sera exposé plusieurs fois.

Et comme la vie est plurielle, le travail de Jérôme l’est aussi. L’image esthétiquement parfaite l’intéresse peu. Il préfère les images floues, granuleuses voire sales, comme la vraie vie qui n’est pas lisse, qui est complexe. Les thèmes abordés sont également variés. Il dévoile parfois avec pudeur et tendresse son histoire personnelle, intime. D’autres fois, il s’applique à relater avec bienveillance, avec humour aussi, avec respect toujours, d’autres histoires, d’autres vécus, parce que témoigner des réalités d’autrui est important pour lui.

 Cela dit aujourd’hui chose étrange, plus Jérôme se sent photographe, moins il fait de photos. La profusion insensée d’images sur le web lui fait ressentir un certain dégoût. Le partage d’une image a-t-il encore un sens sachant qu’elle risque d’être vite oubliée, reléguée? Une seule chose est sûre et demeure à jamais. Vous n’oublierez pas les images de Jérôme sublimées par la musique de Da Silva si vous suivez leurs conseils avisés, si vous ralentissez et prenez le temps de découvrir les beautés subtiles et poétiques qu’ils vous proposent.

                                                                                                                                                                     Monique Gabioud

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